Archives par étiquette : féminisme

Les « grands-mères rouges »

Le Monde Diplomatique a publié une étude intéressante de Kristen R. Ghodsee (USA) sur la contribution (oubliée ou rarement mentionnée) des féministes de l’Est et des anciennes colonies du Sud dans les progrès de l’égalité entre les sexes dans le monde.
Kristen Rogheh Ghodsee est ethnologue, professeure d’études russes et est-européennes et membre du Graduate Group of Anthroplogy à l’Université de Pennsylvanie (USA). Elle a publié l’ouvrage Pourquoi les femmes ont une meilleure vie sexuelle sous le socialisme, Lux éditeur, Montréal, 2020.
website de K R Ghodsee
Harvard University Open Scholar webpage

Les « grands-mères rouges » du mouvement international des femmes
« Si vous êtes une femme qui vit et travaille en Occident aujourd’hui, vous ne connaissez certainement pas le nom des Bulgares Elena Lagadinova et Ana Dourcheva, ou des Zambiennes Lily Monze et Chibesa Kankasa, à qui vous devez pourtant une partie de vos droits. Si vous n’avez jamais entendu parler d’elles, c’est parce que les vainqueurs de la guerre froide ont gommé de leur récit les nombreuses contributions des femmes du bloc de l’Est et des pays du Sud au mouvement féministe international. Le triomphalisme de l’Occident après la disparition de l’Union soviétique a effacé des mémoires tout héritage positif associé à l’expérience socialiste… »
Lire l’article de K R Ghodsee


Angela Davis, après sa sortie de prison, avec Elena Lagadinova (à droite), à Sofia en 1972. (archives personnelles d’E. Lagadinova)

Trois livres pour l’été

Un féminisme décolonial de Françoise Vergès (La Fabrique éditions, 12 €)

Dans son dernier essai, « Un féminisme décolonial« , Françoise Vergès (Universitaire et Présidente du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage) fait la critique d’un féminisme occidental et bourgeois qui chercherait à donner des leçons aux femmes racisées plutôt qu’à les émanciper.
Françoise Vergès est une féministe décoloniale. Ce féminisme vise à atteindre l’intersectionnalité et la convergence des luttes, à la fois contre le sexisme, le racisme, le capitalisme, l’impérialisme. Ce livre dénonce aussi les reliquats de l’idéologie coloniale qui structurent la société.
Pour Françoise Vergès « Le féminisme doit retrouver son tranchant antiraciste et anticapitaliste« .

Les communistes et l’Algérie. Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962 d’Alain Ruscio (éditions La Découverte, 28 €)

L’historien Alain Ruscio offre un ouvrage soigneusement documenté sur une page d’histoire souvent objet de polémiques. Il a travaillé sur des fonds d’archives récemment ouverts, comme celles du PCF aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis, et y révèle des documents nouveaux.
Il s’est agit ici d’évoquer les actions et analyses du communisme — français et algérien — face à la question coloniale en Algérie, des origines dans les années 1920 à la guerre d’indépendance (1954-1962). C’est l’ambition de cette somme exceptionnelle, qui propose une plongée dans les politiques communistes des deux côtés de la Méditerranée (PCF et PCA) durant plus de quatre décennies.

Le « modèle chinois » et nous de Tony Andréani (éditions L’Harmattan, 21.50 €)

Y a-t-il quelques enseignements à tirer, pour un pays comme la France, du système économique et politique chinois ? Aucun, selon les médias et même les spécialistes, malgré une croissance hors normes, un bond technologique, un relatif consensus social.
Pour Tony Andréani (Philosophe et Professeur au département de sciences politiques de l’Université de Paris 8) cependant, les succès chinois tiennent à une forme inédite de socialisme de marché, où le pouvoir politique a une vision de long terme, dispose de leviers puissants pour orienter le développement, où il garde le capitalisme privé sous contrôle ainsi que l’insertion du pays dans la globalisation, et où il commence à réduire de très fortes inégalités. Un modèle à l’opposé du modèle dominant en Occident.