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Pour l’histoire : à propos de la victoire sur le nazisme

L’Humanité, Vendredi, 10 Mai, 2019

Contre-feux. Lors des commémorations officielles ou évocations historiques, comme le 8 mai, le rôle de l’URSS dans la victoire contre le nazisme est trop souvent minoré.
Le premier ministre Édouard Philippe présidera la cérémonie internationale qui doit clôturer le 75e anniversaire du Débarquement en Normandie, le 6 juin prochain, a annoncé lundi le gouvernement.
Le président Emmanuel Macron devrait être pour sa part présent avec le président Donald Trump à la cérémonie franco-américaine prévue au cimetière de Colleville-sur-Mer (Calvados). La Russie ne serait pas invitée à la cérémonie internationale. L’Allemagne est, elle, invitée, selon Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. Pourquoi depuis une dizaine d’années la Russie est-elle à ce point boudée ou carrément évincée de toutes les cérémonies officielles ? Et surtout, pourquoi son rôle majeur est-il aujourd’hui effacé du tableau des pays ayant permis de vaincre la barbarie nazie ?

Où sont passés les plus de 27 millions de morts soviétiques, soit plus de 16 % de la population, dont plus de la moitié étaient russes ? Qui parle encore du tournant de la bataille de Stalingrad durant la Seconde Guerre mondiale ?

Faut-il rappeler que l’Allié soviétique, en dépit des purges staliniennes qui avaient notamment décimé avant-guerre l’état-major de l’Armée rouge, a payé le prix fort pour terrasser la bête immonde ? Ne l’oublions jamais. N’en déplaise à ceux qui rejouent l’histoire aujourd’hui, l’Europe n’aurait pu se libérer sans l’Armée rouge et les peuples de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Cette éviction du rôle des Russes et de l’URSS dans la victoire des Alliés, le 8 mai 1945, et dans la capitulation des troupes nazies pourrait s’apparenter à du révisionnisme historique, lorsqu’on sait que peu aujourd’hui (re)connaissent même ce rôle, alors qu’au sortir de la guerre, une majorité de Français plaçaient l’Union soviétique parmi les pays libérateurs.

Pierre Chaillan